INTERVIEW - " Pas de démocratie sans lobbying ! "

Hugo Djelloul, chargé de communication, nous présente le CEDAP (Centre d’études des Directeurs d’Associations professionnelles) et ses différentes missions. Au travers de cette rencontre, Hugo aborde aussi la notion de lobbying et délivre une autre façon de la concevoir.

Le CEDAP se définit comme un « réseau de dirigeants d‘associations professionnelles ». Pourrais-tu nous en dire un peu plus sur ces associations professionnelles (AP) ainsi que sur le rôle du « DG » ?

Ici, nous regroupons « l’humain », c’est à dire les directeurs d’associations professionnelles et les AP qui sont plus de 280 adhérents au CEDAP. Nous essayons de leur apporter une aide parce que c’est un métier que très peu de personnes connaissent. C’est un métier un peu « caché » des affaires publiques, juridiques, de la communication politique.

Une association professionnelle ou « AP », regroupe plusieurs collaborateurs représentant un secteur d’activité particulier. A la tête de chaque association professionnelle, on retrouve soit un directeur général, soit un délégué général la plupart du temps ou bien un secrétaire général. Le DG est donc un expert des questions de l’AP mais ce n’est pas forcément un professionnel qui exerce ou a exercé le métier. Par exemple le ou la DG de la fédération des coiffeurs n’est pas coiffeur mais il ou elle est experte des questions de la coiffure au niveau juridique, politique, de communication d’entreprise et des marchés sectoriels. Il y a des DG qui exercent parfois, le métier de leurs associations mais c’est rare.

Aujourd’hui il n’y a pas de formation qui apprend à être DG. Devient DG parce qu’il a eu une vie dans une AP, il a été collaborateur et a dirigé un service dans une entreprise. Devient un DG aujourd’hui parce qu’il y a un réel besoin. Ici au CEDAP nous les accompagnons avec des notions de management des relations humaines.

Le CEDAP sert d’intermédiaire entre les AP et les pouvoirs publics ?

Exactement, le CEDAP est un hub de solutions, d’informations, de veille, de transmission. Nous prescrivons de « bonnes solutions » mais surtout nous connectons tous les DG entre eux, en essayant de former ce réseau d’humains. Il faut savoir que certaines AP parfois font face à des problématiques similaires. Notre rôle à nous, est de les mettre en relation à partir d’une feuille de route.

Concernant la relation entre les AP et l’Etat, il y a de plus en plus de visibilité du CEDAP envers les pouvoirs publics. Notamment avec Matthieu Rosy, DG de la Fédération SYNTEC et Président du CEDAP, qui a été invité par le Vice-Président de l’Assemblée Nationale Sylvain Waserman à l’occasion d’un colloque. L’objectif était alors de discuter et de redéfinir la place du lobbying dans le pouvoir public et ses conséquences.

Ainsi le CEDAP conseille ses membres sur comment mener une action en politique, comment faire du lobbying, comment créer cette synergie entre le gouvernement et les personnes ciblées par l’AP.

Et toi dans tout ça, pourrais-tu nous présenter tes missions au sein du CEDAP et ton parcours ?

Je suis chargé de l’animation du réseau et de la communication. Autrement dit, je suis responsable de garantir la visibilité du CEDAP sur tous les réseaux. Aussi je m’occupe de mettre en place des plans de communication stratégiques, digitaux et politiques avec mes collaborateurs, définis par le CA du CEDAP. Je dois également faire du management de réseaux pour répondre aux demandes de nos adhérents mais aussi en conquérir de nouveaux.

Je suis au CEDAP depuis presque un an maintenant. Auparavant, j'ai fait une licence de sciences politiques européennes à ESPOL (Université catholique de Lille) avant d'intégrer le master communication des entreprises et des institutions à Audencia SciencesCom (Nantes). Si j’ai intégré le CEDAP c’est parce que je suis sensible à cet univers depuis pas mal de temps. Je suis attiré par la volonté de porter la « bonne parole » en quelque sorte et par l’envie de travailler pour différentes associations politiques.

Pourrais-tu définir ce qu’est le lobbying selon toi ?

Pour moi, il n’y a pas de démocratie sans lobbying ! Tout dépend du côté où l’on se positionne par rapport à une problématique. Dans un débat de société, il y a de multiples canaux de diffusion d’idées. D’un côté il y a les citoyens impliqués qui se regroupent et dont la voix est portée par les ONG. De l’autre, il y a les associations professionnelles qui représentent les différents corps de métiers et qui essayent de se faire entendre auprès du gouvernement. Chacun exerce une forme de pression à sa façon.

Je pense que lobbying devrait être : moral, bon et technique. C’est une preuve de liberté d’expression en ayant la possibilité de croire en ses valeurs et de pouvoir les porter. Lorsqu’on y réfléchit, on ne peut pas s’exprimer aussi librement dans tous les pays. Au fond, le CEDAP est partenaire de « l’intérêt général » par le biais de son implication et de la volonté d’aider et de réunir les différentes AP. C’es ainsi que depuis 50 ans, le CEDAP se veut être un véritable « hub d’informations et de transmissions de savoirs ».

Quelques chiffres sur les associations professionnelles en France :

(Sources : Observatoire des associations professionnelles 2017,

Etude I+C pour le Cedap)

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